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Le monastère Saint-Maur

vue du ciel des ruines du monastère Saint-Maur

Votre première réaction sera certainement : « Un monastère au sein d’une abbaye ? C’est à n’y rien comprendre… ». Ce n’est effectivement pas cohérent. Mais explicable. Un défaut d’appellation de ce qu’il faut nommer plus justement « le bâtiment » Saint-Maur. Nous allons éclairer votre lanterne !

L'histoire du batiment

Décadence de l'abbaye

Nous sommes dans la première moitié du XVIIe siècle. La règle bénédictine qui régit la vie de l’abbaye est de plus en plus bafouée. Suite à la décision du roi Louis XIII, une communauté bénédictine de Saint-Maur s’installe à Montmajour. Il faut réformer ! Et les Mauristes en sont les grands spécialistes. Pour ces derniers, le renouveau spirituel et intellectuel s’accompagne d’un renouveau architectural. Ils décident alors d’abandonner la partie médiévale et font édifier un nouveau bâtiment qui devient la construction la plus récente du site. Comprenant tous les éléments architecturaux d’un monastère à part entière, il sera tout naturellement, et par facilité, appelé « monastère Saint-Maur ».

vue du monastère Saint-Maur depuis le sommet de la tour.
Le monastère Saint-Maur

© Marina Pascal-Suisse / CMN

De l’épisode révolutionnaire au XXIe siècle

À la Révolution française, le monastère est vendu comme bien national  à Élizabeth Roux-Chatelard. Jugé trop ostentatoire pour les moines, l’édifice est démantelé. Dépouillé de sa toiture et de sa charpente, il est ensuite divisé en plusieurs parcelles vendues à une vingtaine de propriétaires. Il sert finalement de carrière de pierres pendant de nombreuses années.

Le « monastère » est classé au titre des Monuments Historiques en 1921 alors que la partie médiévale est classée dès 1840. Ce classement va permettre d’engager des travaux de renforcement et de dégagement d’un bâtiment longtemps laissé à l’abandon. Toutefois, l’édifice demeure encore fragile. En 2019, une phase de travaux de réhabilitation et de consolidation permet de rendre le deuxième niveau accessible aux visiteurs. Ce dernier est ouvert au public en juillet 2020.

ecrit du décret qui annonce la mise en vente de Montmajour
Annonce de la mise en vente de l'abbaye.

© CMN

La construction du monastère

Le bâtiment est construit sur cinq niveaux dans un style classique, d’une hauteur de 25 mètres sur 100 mètres de long ! Difficile de se faire une idée concrète de ce « palais monastique » de 8000 m2. Ce que vous pourrez voir sur place ne représente à peu près qu’un sixième de la construction d’origine.

Dessin représentant le monastère Saint-Maur avant destruction
Dessin représentant le monastère Saint-Maur avant sa destruction

© François Brosse / CMN

Niveaux 1 et 2 : le cellier et l'étage de service

Le cellier est uniquement accessible au nord et à l’est, est réaménagé en 2000 par Rudy Riciotti, ainsi que la remise. Cette dernière constituait une pièce annexe aux écuries et à la cave. Ce premier niveau n’a jamais comporté de lieux communs à la vie des moines.

 

L’étage de service est accessible depuis la terrasse par un escalier monumental restauré au début des années 2000. Ce niveau abritait plusieurs espaces destinés à l’intendance. On y retrouve le salon des dames ou encore la boulangerie. Situé sur le côté nord du grand pavillon, l’accès à la boulangerie se fait par un couloir ouvrant sur deux pièces, la première servant de grenier à blé et la seconde comprenant le four à pain toujours en place.

La galerie du 2nd niveau du monastère Saint Maur dans toute sa longueur.
La galerie Saint-Maur

© Geoffroy Mathieu / CMN

Niveau 3 : le rez-de-jardin

C’est le niveau principal de la vie des moines

Il comprenait plusieurs salons, une cuisine et un réfectoire, ainsi qu’un grand escalier occidental et une porterie. Cet espace s’ouvre de plein pied sur la terrasse à partir du cloitre longitudinal. Ce promenoir longe la terrasse côté sud et remplace l’ancien cloître médiéval. Il sert de lieu de repos.

les cuisines de Saint-Maur

© Ambroise Tezenas / CMN

Niveaux 4 et 5

Les deux derniers niveaux étaient dédiés principalement aux cellules des moines. Ces dernières étaient meublées modestement avec un lit, un chevet et un oratoire pour prier. Les étages abritaient également plusieurs salons, les chambres d’hôtellerie et les pièces de travail comme les archives ou la bibliothèque.

Plus précisément, le niveau 4 abritait les cellules des moines « confirmés » également appelés les « profès ». L’étage comprenait 44 chambres, 28 en façade sud et 16 en façade nord. Les chambres n’ont été réalisées qu’en partie car certaines d’entre elles ont servi de salle de classe ou de salle des archives.

Au niveau 5, on trouvait les cellules des moines novices et également d’autres pièces utilitaires.

Détail de la façade Mauriste

© We are content / CMN

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