Histoire

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Histoire de l'abbaye de Montmajour

Vue de l'intérieur du cloître, du puits, de la tour du Pons de l'Orme depuis la cour

Bâtie sur un rocher et dressant fièrement sa silhouette au-dessus de la plaine d’Arles, l’abbaye bénédictine de Montmajour constitue un ensemble architectural exceptionnel qui témoigne de 1000 ans d’histoire et d'architecture.

De l'origine au XVIe siècle

Le Moyen Âge : origine et apogée

Nécropole  connue depuis l’Antiquité, le Mons Majoris abritait au Xe siècle une communauté d’ermites priant pour l’âme des défunts. Sensible à la vocation de ces hommes de foi, une riche arlésienne décide d’acquérir cette terre pour la donner à la communauté : l’abbaye de Montmajour est fondée. 

Adoptant la règle bénédictine, les moines vont faire bâtir dans un premier temps une chapelle semi-troglodyte  : c’est l’ermitage Saint Pierre, creusé dans le rocher. Avec la mise en place d’un pèlerinage consacré à une relique de la Vraie Croix et l’afflux des dons de toute la société, l’abbaye connaît son apogée aux XIIe et XIIIe siècles. Elle possède alors une cinquantaine de prieurés dépendants de son autorité.  

Cette puissance se traduit par la construction d’un splendide ensemble roman provençal comprenant l’abbatiale, le cloître riche d’un décor exceptionnel et les bâtiments conventuels. 

Les tombes à ciel ouvert de la nécropole de Montmajour
La nécropole

© Baptiste Bruzel / CMN

La décadence

Le XIVe siècle apporte son lot bien connu de malheurs : famines, peste et guerres ne vont pas épargner l’abbaye de Montmajour.  

Les soldats sans solde parcourent le pays à la recherche de butin facile. Ces routiers ravagent la campagne arlésienne en 1368. L’abbaye fait alors édifier un système défensif autour de la tour Pons de l’Orme, encore visible aujourd’hui. 

Des conflits éclatent également avec des prieurés de l’abbaye au sujet des reliques de Saint Antoine. L’abbaye obtient gain de cause mais sa réputation en souffre grandement. 

Enfin et surtout, la décadence vient de l’intérieur même de la communauté. L’abbé n’est plus élu par les moines, mais nommé par le pape ou les comtes de Provence, puis par le roi. Ce clientélisme appelé système de commende discrédite considérablement la communauté. 

Escalier en ruine du réfectoire
Escalier en ruine du réfectoire

© Antoinette Gorioux / CMN

Du XVIIe siècle à aujourd'hui

La renaissance de l'abbaye

Pour remédier à cette décadence surtout spirituelle, la congrégation de Saint Maur est appelée au chevet du malade. Après quelque 70 années de lutte et d’actions en justice, les Mauristes obtiennent gain de cause et peuvent rétablir la règle. Les anciens moines décident de quitter l’abbaye contre une redevance.  

Ce renouveau spirituel s’accompagne d’une renaissance architecturale que les Mauristes jugent indispensable. Un nouvel ensemble architectural est édifié au XVIIIe siècle. Imposant et grandiose avec son architecture néo-classique, on en parle déjà en son temps sous le terme de « palais ». 

Dessin représentant le monastère Saint-Maur avant destruction
Dessin représentant le monastère Saint-Maur avant sa destruction

© François Brosse / CMN

De la Révolution à nos jours

Cette renaissance est hélas de courte durée. Treize ans après l’achèvement des travaux, la Révolution française éclate. L’abbaye est vendue comme bien national et le monastère Saint Maur en subit les plus graves conséquences. De la construction originelle ne subsiste aujourd’hui qu’un petit sixième : les pierres sont vendues pour construire des maisons en Arles. Charpentes, boiseries, meubles sont dispersés. En deux ans, le monastère mauriste n’est plus qu’une ruine … 

Heureusement quelques arlésiens sensibles au patrimoine veillent. Ils rachètent une partie de l’abbaye pour la restituer plus tard à la ville qui agit patiemment pour remembrer l’ensemble. Grâce à l’action de Prosper Mérimée , l’abbaye est sauvée après son classement en deux temps dans la liste des monuments historiques protégés : 1840 pour sa partie médiévale, 1926 pour l’ensemble mauriste. 

Plusieurs campagnes de restauration se succédèrent et, malgré quelques parties difficiles à restituer, l’ensemble est aujourd’hui parfaitement évocateur de la grandeur de ce joyau bénédictin de l’histoire provençale. Un tel écrin est parfaitement adapté à la réception d’expositions et de manifestations culturelles

carte postale en noir et blanc du début du 20ème siècle montrant une arlésienne se promenant devant les ruines de Saint-Maur
Carte postale montrant une Arlésienne se promenant devant les ruines de Saint-Maur

© CMN

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