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L'ermitage Saint-Pierre

Vue de l'Ermitage Saint-Pierre construit dans le rocher.

L’abbaye de Montmajour peut se targuer d’abriter ce bâtiment exceptionnel. Antérieur à l’utilisation de l’art roman et construit en partie dans le rocher, il témoigne d’une architecture dont il ne reste que peu d’exemples.

Une chapelle semi-troglodyte

Un art « préroman »

Grand passionné d’architecture, vous connaissez vos « classiques » sur le Moyen Âge : art roman et art gothique n’ont pas de secrets pour vous.

Traditionnellement, les spécialistes font débuter l’emploi de l’art roman au début du XIe siècle. Mais ne vous êtes-vous jamais posé la question :  « Et avant l’an mil ? ». 

Vous trouverez à l’abbaye Saint-Pierre de Montmajour de quoi vous apporter quelques éléments de réponses. 

Force est de constater que plusieurs styles vont se développer après la chute de l’Empire romain d’Occident, pour retrouver une unité avec l’art roman, à tendance universelle.  

La construction de l'ermitage dans le rocher du Mont Major
L'intérieur de l'ermitage

© Geoffroy Mathieu / CMN

Des choix originaux dictés par le site

Fondée au Xe siècle, l’abbaye n’a pas, à ses débuts, les moyens de grandes constructions. La communauté va donc opter pour une solution plus simple : creuser dans le rocher. Daté du milieu du XIe siècle ( eh oui, en Provence, nous prenons notre temps ! ), l’ermitage Saint Pierre possède deux chapelles accolées dont le style n’est pas roman. 

On y accède par une porte taillée dans le mur d’enceinte et gardée par Saint Pierre tenant une clé. La plus ancienne chapelle est entièrement troglodyte. Très simple, elle est composée d’une nef unique agrémentée d’un banc de pierre lui aussi taillé dans le roc. La seconde nef vient s’ajouter en appentis , ce qui est courant en Provence.  

L'intérieur de l'Ermitage Saint-Pierre
Intérieur de l'ermitage Saint-Pierre

© Geoffroy Mathieu / CMN

Une véritable petite église

C’est une véritable petite église avec nef, travée de chœur et abside  semi circulaire. On remarque également cet espace précédent la nef, le narthex , et un « confessionnal » derrière le chœur. Ce dernier espace, faisant référence à Saint Trophime, évêque d’Arles persécuté par les Romains, donnait beaucoup de prestige à l’abbaye. 

Sans doute faut-il y voir de manière plus simple une sacristie ou peut-être même des latrines ! Cette chapelle sud, couverte d’une voûte de blocage, comprend douze chapiteaux aux décors antiques : feuilles d’acanthe, palmettes, figures géométriques. Les entrelacs sont particulièrement typiques de cet art « pré-roman ». Ce style a parfois été qualifié de « carolingien ». 

Renforcé par des contreforts aux XVe et XVIIIe siècles, l’ermitage Saint-Pierre demeure le plus ancien édifice de l’abbaye et sans doute aussi le plus émouvant. La force de la spiritualité qu’il dégage et la savante approximation de ses voûtes romanes vous donneront la chair de poule ! 

intérieur de l'Ermitage Saint Pierre dans le rocher du mont Major
Intérieur de l'Ermitage Saint-Pierre

© Geoffroy Mathieu / CMN

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