Histoire
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Immortalisées par le photographe Lucien Clergue les tombes rupestres, creusées à même le rocher, continuent de fasciner petits et grands, qui n’hésitent pas à se positionner à l’intérieur pour prendre des photos souvenirs des plus originales. Au-delà de leur aspect bien curieux, connaissez-vous leur véritable histoire ?
L’abbaye de Montmajour est fondée sur une nécropole. Le mot « nécropole » vient des termes grecs nekro (mort) et polis (cité) et signifie littéralement « la ville des morts ». Au Xe siècle, quelques ermites ont choisi le sommet du Mont Major, refuge isolé comportant une nécropole épargnée par les eaux (et oui, Montmajour est une ancienne île entourée de marécages ), pour se consacrer à la méditation en ensevelissant les morts et en priant, moyennant rétribution, pour l’âme de ces derniers. On retrouve également dans le paysage environnant des lieux d’accueil pour les morts, à l’image des tombes mégalithiques de la montagne de Cordes datant du IIIe millénaire avant notre ère.
La nécropole de Montmajour est la plus importante nécropole rupestre connue du Midi de la France de part sa superficie et le nombre de sépultures recensées : on n’en compte pas moins de 207 !
Comment expliquer la présence de ces innombrables tombes rupestres ? L’origine de leurs présences reste encore mystérieuse.
Pour donner des origines prestigieuses à la nécropole, les moines de Montmajour du XVe siècle ont prétendu que ces sépultures étaient celles de preux chevaliers chrétiens tombés durant la bataille sanglante mais victorieuse menée par Charlemagne contre les Sarrasins dans la campagne arlésienne.
Au pied de la tour Pons de l’Orme, on peut observer deux types de tombes rupestres : les tombes dites « anthropomorphes » (qui ont la forme du corps humain) sont les plus anciennes, datées des XIIème et XIIIème siècles. Elles comportent une logette pour la tête, l’emplacement des épaules et des pieds.
Les autres tombes, de forme rectangulaire, datent du XIVème siècle. Ces dernières sont dotées d’un couvercle de pierre puis recouvertes de terre. Elles sont positionnées de manière à ce que les pieds soient orientés à l’est et la tête à l’ouest, reprenant ainsi la symbolique du soleil levant et de la résurrection du Christ. Cette orientation assure aux croyants le paradis !
Par temps de pluie, les tombes rupestres deviennent des mares temporaires et abritent alors un microsystème étonnant qui se développe grâce à la chaleur des roches : têtards de rainettes vertes, larves de moustique, puces d’eau et triops. Les triops ?! Ils sont un genre de crustacé d’eau douce à trois yeux qui raffolent de l’eau stagnante. Ils grandissent par mue et passent de quelques microns à la naissance à la taille de 6 cm à l’âge adulte. C’est l’une des espèces les plus anciennes de la planète puisqu’elle date du Jurassique. On les trouve bien avant les dinosaures !
La nécropole continue de questionner les artistes comme en témoigne la série photographique de Lucien Clergue dédiée à ce sujet et réalisée en 1955.