Aux portes de la ville d'Arles, l'abbaye bénédictine de Montmajour est l’exemple exceptionnel d’un monument qui témoigne de près de huit siècles d’histoire et d’architecture en Provence.
L’abbaye destinée à une communauté de 50 à 80 moines se compose de plusieurs bâtiments et forme un répertoire des styles roman, gothique et classique présentant huit siècles d’histoire et d’architecture monastique de 949 à 1791.
La nécropole : XIème – XIVème siècle
La création de ce cimetière est l’origine même de l’abbaye. Les moines ensevelissaient les morts, célébraient les messes privées demandées par les familles et recevaient en échange des droits de mortalage (testaments). Le cimetière aux tombes creusées à même le roc s’étendait, à l’Est du monastère, depuis le chevet de l’abbatiale jusqu’à la chapelle Sainte-Croix.
L’Ermitage : XIème siècle
L’ermitage Saint-Pierre, le plus ancien édifice de Montmajour est sans doute le plus émouvant par la force de la spiritualité qu’il dégage et par la savante approximation de ses voûtes Romanes. Daté du milieu du XIe siècle, il possède deux chapelles accolées dont celle du côté nord réutilise une grotte naturelle. Elle est prolongée à l’Est par des salles troglodytes dont les usages semblent avoir été multiples (cimetière, « lits des solitaires » ou ermitage, sacristie…).
L’abbatiale : XIIème – XIIIème siècle
L’abbatiale, l’église principale du monastère, est bâtie sur un plan en croix latine, et surmonte la crypte dont la stéréotomie de la voûte quasi plate découpe la lumière dans une organisation rigoureuse. Sa nef unique voûtée en berceau est d’une hauteur de seize mètres. Des cinq travées prévues au départ, deux seulement furent réalisées, laissant à l’édifice inachevé le charme de la disproportion que nous lui connaissons.
Le Cloitre : XIIème, XIVème et XVIIIème siècle
Le cloître dont les consoles sculptées, côté mur, et les chapiteaux, côté jardin, évoquent tout à la fois des sujets profanes et sacrés, réels et fantastiques. Les animaux, surtout, sont en grand nombre. Ils illustrent ce monde médiéval peuplé de bêtes et de monstres, une faune sauvage et domestique (ours, chameaux, béliers, ânes), parfois fantastique (tarasques, dragons, chimères…) ou encore ces êtres inquiétants, faces humaines portant des cornes et côtoyant des diables entourés de flammes… Ces sculptures remarquables rappellent le cloître de la cathédrale Saint-Trophime d’Arles ou les sculptures du Château de Tarascon où l’on retrouve ce bestiaire fantastique, incarnation du diable (le Drac, célébré à Beaucaire).
Sainte Croix : XIIème siècle
La chapelle Sainte-Croix construite hors de la clôture monastique, est le sanctuaire le plus important de l’abbaye.
Une relique insigne de la « Vraie Croix » y était vénérée tous les trois mai à l’occasion du pèlerinage ou « Pardon de Montmajour ».
Elle était également l’église funéraire de la partie du cimetière réservée aux laïcs.
La tour Pons de l’Orme : XIVème siècle
Vestige défensif d’une période où la communauté monastique subissait, comme toute la région, le contre coup de la guerre de Cent Ans, la tour élevée sur l’ancien cimetière fut bâti vers 1373 à l’initiative de l’abbé-cardinal Pons de l’Orme (1368-1380) placé sous l’autorité du pape d’Avignon. Haute de vingt-six mètres, elle dominait les terres du monastère, exprimant ainsi par son élévation le pouvoir que l’abbé exerçait sur son fief. Elle nous offre aujourd’hui un magnifique panorama sur la vallée.
Le monastère Saint Maur XVIIIème siècle
Aujourd’hui en cours de restauration, prochainement ouvert à la visite, le monastère Saint-Maur élevé à Montmajour au début du XVIIIe siècle fut édifié par la communauté réformée des religieux de Saint-Maur, qui prirent possession de l’abbaye en 1639 selon la volonté du roi Louis XIII. Ils confièrent en 1703 la construction du nouveau monastère à l’architecte Pierre Mignard puis à Jean-Baptiste Franque. Le bâtiment d’une hauteur de 25 mètres comprenait cinq niveaux avec des salles richement décorées. L’ancienne cave à vin abrite aujourd’hui un nouvel espace d’accueil conçu en 1998 par l’architecte Rudy Ricciotti.